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Le caractère selon la caractérologie



Il était essentiel pour la caractérologie en tant que démarche scientifique de bien cerner les contours de son objet d'étude : le caractère. Accepter sans débat le sens commun, serait pour elle vouer par avance ses résultats à divers avatars critiques permis par les malentendus. Cependant, si ce souci de définition était partagé par les auteurs, il s'en faut de beaucoup - là comme ailleurs - qu'une seule et même définition ait fait l'unanimité en pratique et en théorie (où une évolution est légitimement liée à l'avancement ou renouvellement des travaux).


Le caractère selon la caractérologie de René Le Senne

Le caractère selon la caractérologie
Fondateur de la caractérologie française, René Le Senne définit résolument le caractère comme « l'ensemble des dispositions congénitales qui forme le squelette mental d'un homme ».
 
L'auteur insiste avant tout sur la stabilité qu'il faut reconnaître au caractère et préconise l'emploi des concepts de personnalité ou de moi pour les formes ou aspects que peut prendre le caractère au cours de l'existence, en partie par la maîtrise de l'individu par lui-même.
 
Par ailleurs, si le caractère congénital est mentionné, il ne fait pas l'objet d'une démonstration, l'outil statistique n'étant pas encore pratiqué dans les sciences humaines à cette époque.
 
 

Principaux traits de caractère

  • l'émotivité ;
  • l'activité ; il s'agit là de l'activité pure, celle qui n'est pas une simple conséquence de l'émotion ; c'est par exemple celle avec laquelle on accomplit les tâches rébarbatives (notes de frais). Des gens émotifs et de grande activité peuvent être des « non-actifs ».
  • le retentissement des représentations (primarité/secondarité). Un primaire se fâchera vite, mais passera l'éponge presque aussi vite ; un secondaire peut ne pas réagir sur le moment, mais se venger avec détermination des années plus tard.
Ces axes ont été choisis en raison de leur importance dans la constitution du caractère. Nous parlerions aujourd'hui de composantes principales dans le cadre d'une Analyse de la variance. Les combinaisons extrêmes, c'est-à-dire dans lesquelles les propriétés présentent soit leur minimum soit leur maximum, conduisent directement à une typologie : typologie dans laquelle personne ne devrait se reconnaître mais dans laquelle chacun peut se retrouver. Se retrouver si bien d'ailleurs que Gaston Berger lancera la boutade : « Les caractères, je les ai tous ! ».

Voici les types de bases résultant des combinaisons des propriétés constitutives :
 
  • EnAP : le type émotif-inactif-primaire nommé nerveux ;
  • EnAS : le type émotif-inactif-secondaire nommé sentimental ;
  • EAP le type émotif-actif-primaire nommé colérique ou actif exubérant ; c'est celui de Victor Hugo, et celui dont Le Senne dit : « Tous les caractères envient celui du colérique, tandis que lui n'en envie aucun autre ».
  • EAS : le type émotif-actif-secondaire nommé passionné ;
  • nEAP : le type non émotif-actif-primaire nommé sanguin ou réaliste ;
  • nEAS : le type non émotif-actif-secondaire nommé flegmatique ;
  • nEnAP :le type non émotif-non actif-primaire nommé amorphe ;
  • nEnAS : le type non émotif-non actif-secondaire nommé apathique.
On observe que, deux par deux, ces types présentent deux propriétés communes pour une seule les différentiant. Mais les proportions s'inversent en quelque sorte dans les conséquences exprimées par le caractère ; en effet les descriptions extrêmement riches que René Le Senne fait de ces types montrent qu'un monde sépare généralement deux types qui ne s'opposent pourtant que pour une propriété.
 
Deux autres types sont parfois introduits dans des travaux postérieurs à Le Senne :
 
l'un qualifié de Mars/Vénus : le premier lié à une attitude de conquête au sens de l'agression, le second une attitude de conquête au sens de la séduction. le philosophe Alain avait déjà exprimé cette différence d'attitude en les nommant logique militaire et logique du commerce.
l'autre concernant la largeur de champ de conscience, c'est-à-dire la précision sur les détails ou au contraire le besoin d'appréhender un domaine de façon plus vaste quitte à en avoir une vision moins exacte, mais plus générale : Esprit de finesse et esprit de géométrie mentionnés par Pascal ne sont pas loin, ainsi que l'opposition entre le chercheur de pointe et le vulgarisateur (quand d'ailleurs elle existe).
Tableau